Quelque chose cloche.
On peut le voir par la faiblesse de l’investissement. On peut le sentir par la montée du coût des produits essentiels. On peut aussi l’entendre dans les conversations à la table des conseils d’administration comme à celle des familles ; de plus en plus, le Canada prend du retard.
À son crédit, le nouveau gouvernement fédéral a mis en place quelques mesures encourageantes. Il a supprimé la taxe carbone à la consommation, réduit l’impôt de la classe moyenne et finalement, il s’est attaqué aux obstacles de longue date au commerce interprovincial. Ce sont là des signes de vrai progrès. Mais il faut que ça représente un début et non une fin.
Si nous voulons revenir à des prix abordables et rebâtir notre compétitivité, nous devons faire plus et plus vite.
Une économie coûteuse
Le Canada impose un des fardeaux fiscaux les plus élevés de tout le G7. Ça représente un défi pour les ménages comme pour les entreprises qui tentent de se développer. Quand les coûts augmentent tout au long de la chaine d’approvisionnement, ils ne font pas qu’affecter les profits, ils se répercutent dans l’ensemble des prix.
Un gouvernement désorienté
Nous avons déjà connu trop d’exemples de dépenses inefficaces et de supervision insuffisante. Que ce soit le gonflement des budgets d’achat ou encore les programmes sans valeur définie, le problème demeure le même : les coûts augmentent, mais les résultats ne suivent pas.
Un pari économique risqué
Les véhicules électriques et la technologie propre sont certes importants, mais le financement public qui leur est attribué est disproportionné, tandis que des secteurs clés comme la fabrication des produits alimentaires, agroalimentaires et de consommation s’en trouvent négligés. Ces industries sont prêtes à croitre et à livrer des résultats sans délai. Nous ne pouvons les ignorer plus longtemps.
Une politique sur le carbone à la fois coûteuse et confuse
Le système canadien de prix du carbone est en fait une courtepointe de modèles fédéraux et provinciaux. Que ce soit la taxe carbone de la Colombie-Britannique, le système TIER de l’Alberta ou le système québécois de plafond et d’échange, le résultat est souvent le même : des coûts de conformité à la hausse pour les producteurs industriels des secteurs essentiels voraces en énergie. Il nous faut une stratégie de carbone qui soutienne à la fois le développement durable et la compétitivité.
Trop d’obstacles, pas assez de croissance
Le Canada est à la queue des pays de l’OCDE en termes de délais d’approbation de projets. Le fardeau règlementaire ralentit l’investissement et nuit à la productivité. Les entreprises ont soif de croissance, mais elles doivent attendre la permission d’aller de l’avant.
Une stratégie commerciale dépassée
Notre dépendance envers les États-Unis peut s’avérer une force, mais elle s’accompagne aussi de risques. Les tarifs en guise de représailles ont perdu leur effet de levier. Plus souvent qu’autrement, ils ne représentent qu’un impôt de plus pour les consommateurs canadiens. Nous devons réduire notre vulnérabilité en diversifiant notre commerce et en améliorant l’accès des produits canadiens au marché.
Les prochaines étapes
Nul besoin de réinventer la roue : certaines réformes sont déjà en marche. Mais il nous faut un effort concerté et coordonné destiné à créer les conditions favorables à une croissance soutenue.
Ainsi, nous devons : réduire les taux d’intérêt afin de débloquer l’investissement et alléger la pression sur les ménages canadiens; rééquilibrer la politique climatique canadienne afin de réduire les coûts des industries essentielles sans compromettre les objectifs d’émissions; réduire l’impôt sur le revenu afin de rétablir la confiance des ménages et le pouvoir d’embauche des entreprises; juguler les dépenses gouvernementales et demander plus de redevabilité et de surveillance disciplinée; investir dans des secteurs qui favorisent les prix abordables, comme l’agroalimentaire, l’énergie et les produits de consommation; simplifier la règlementation afin de réduire les délais et éliminer les obstacles au développement; et moderniser notre stratégie commerciale afin de développer la résilience et améliorer les possibilités.
Quand je m’entretiens avec des membres de PASC de partout au Canada, leur message est clair : ils souhaitent investir ici. Ils désirent embaucher, croitre et innover. Mais il ont besoin d’un environnement politique qui soutienne leur ambition plutôt que la freiner.
Nous savons ce que nous devons faire. L’heure est à l’urgence, à l’action ciblée et au suivi jusqu’au bout.
Les premiers signaux qu’envoie le gouvernement Carney suggèrent que ce changement est possible. Mais il faut se hâter et voir beaucoup plus large que maintenant.
Le Canada a tout ce qu’Il faut pour réussir. Il faut simplement s’ôter de son chemin.
Cette lettre ouverte a été publiée à l’origine dans LinkedIn.