La semaine prochaine, les dirigeants de partout au Canada se réuniront à Montréal à l’occasion du tout premier Sommet sur l’insécurité alimentaire, organisé par Food Banks Canada | Banques alimentaires Canada. Le moment est bien choisi, vu l’urgence de la situation.
En mars 2024, les banques alimentaires du pays ont reçu plus de deux millions de visites. Ce nombre représente le plus haut sommet jamais enregistré, soit une augmentation de six pour cent par rapport à 2023 et une hausse vertigineuse de 90 pour cent par rapport à 2019 (Source: Banques alimentaires Canada, HungerCount 2024).
Le tiers de toutes ces visites ont été faites par des enfants. Près d’un usager de banque alimentaire sur cinq est sans emploi, soit beaucoup plus que les 12 pour cent de 2019. La majorité des usagers, soit environ 70 pour cent, sont locataires, tandis que 40 pour cent dépendent de l’aide à l’invalidité ou de l’aide sociale comme principale source de revenu (Source: Banques alimentaires Canada, HungerCount 2024).
Ces gens ne sont pas des cas isolés. Il s’agit de familles, d’étudiants, d’aînés et de nouveaux arrivants qui font tout ce qu’il faut, mais n’arrivent pas à s’en sortir.
En tant que chef de la direction de PASC, je représente le secteur manufacturier des produits alimentaires, de santé et de consommation du Canada. Nos membres sont des entreprises qui fabriquent les produits essentiels dont les Canadiens dépendent chaque jour, que ce soit les aliments et les boissons, les produits d’hygiène, d’entretien ménager et de santé. En coulisses, nos membres soutiennent également les banques alimentaires et les partenaires communautaires de partout au pays.
Nous avons vu leur leadership se manifester par des programmes qui orientent la production vers les besoins des banques alimentaires, des dons de capacité logistique et d’entreposage réfrigéré, des efforts de diversion des surplus comme les engagements à éliminer les déchets, ainsi que l’intégration vers des stratégies de développement durable et de gouvernance environnementale et sociale plus complètes. Ce n’est pas simplement une question d’argent; c’est d’un engagement structurel, un soutien opérationnel et un partenariat à long terme dont il est question.
Mais nous savons que l’industrie à elle seule ne détient pas la solution. Les banques alimentaires, malgré leurs efforts héroïques, ne pourront soutenir indéfiniment un tel fardeau.
Nous avons besoin de mesures audacieuses et partagées destinées à transformer l’effort caritatif par un changement systémique. Voici en quoi ça consiste :
· Un plan national d’infrastructure destiné à soutenir la distribution alimentaire, surtout en région rurale et éloignée.
· Des règles claires et harmonisées ainsi que des incitatifs fiscaux facilitant la récupération des aliments et à la rendre plus attrayante pour les entreprises.
· Des plateformes de partage de données permettant aux producteurs et aux distributeurs d’aliments ainsi qu’aux banques alimentaires de coordonner et de jumeler les surplus avec les besoins en temps réel.
· Une reconnaissance du fait que l’insécurité alimentaire résulte principalement de la précarité du revenu et des enjeux de logement abordable.
· Une table de concertation nationale qui réunit les gouvernements, les chefs Autochtones, les entreprises et la société civile afin de développer conjointement et de surveiller les solutions à long terme.
Plusieurs de ces priorités se retrouvent au cœur de la stratégie des Démarches nationales du gouvernement du Canada (Agriculture et Agroalimentaire Canada, 2023) de même que dans le rapport 2024 du Conseil des affaires du Canada, qui demande des mesures audacieuses et transformatrices. En Ontario, Feed Ontario signale que près des deux-tiers des clients de banques alimentaires sont locataires et près de la moitié d’entre eux consacrent plus de 50 pour cent de leur revenu au logement (Feed Ontario, Hunger Report 2024).
Des solutions s’offrent à nous. Les partenaires sont prêts à agir. Mais il faut cesser de traiter l’insécurité alimentaire comme un défi philanthropique. Nous devons commencer à la percevoir comme un échec national et une occasion de faire mieux.
Le sommet de la semaine prochaine nous offre la chance de corriger le tir. Profitons-en pour produire des résultats plutôt que de simples rapports. Le secteur des produits alimentaires, de santé et de consommation est prêt à mener la charge, à collaborer et à contribuer à bâtir un Canada où tout le monde a dignement accès à l’alimentation.
Nous invitons les autres à se joindre à nous. https://foodbankscanada.ca/
Cette lettre ouverte a été publiée à l’origine sur LinkedIn.